Rénovation d’appartement à Marseille : Comment j’ai transformé un espace insalubre en lieu de vie lumineux.

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Rénover un appartement ancien, c’est souvent plus qu’un chantier : c’est une histoire de transformation profonde, parfois radicale. 

C’est l’expérience que j’ai vécu en redonnant vie à un appartement envahi par les pigeons, en plein cœur de Marseille.

Quand je visite cet appartement pour la première fois, le soleil inonde Marseille de lumière. Depuis la rue, on perçoit les sons familiers du quartier : les éclats de voix d’un café voisin, le grincement des volets qu’on referme à la volée, ce fond sonore typiquement marseillais, à la fois vivant et apaisant.

L’immeuble se situe à deux pas du Prado, dans la rue du Rouet, une rue où les façades ne cherchent pas à séduire, mais où l’on devine, à qui sait regarder, un vrai potentiel de vie. Pas de moulures clinquantes ni de hall marbré, mais une structure solide et une atmosphère de quartier comme on en fait peu, entre les rires d’enfants à la sortie de l’école, les commerces de proximité et les arrêts de bus tout proches.

La découverte d’un appartement laissé à l’abandon

L’appartement de 48 m2 se trouve au premier étage. J’ouvre la porte et ce que je découvre me laisse au premier abord tétanisé. J’aperçois une scène figée, presque irréelle. Des dizaines de pigeons ont élu domicile dans l’appartement et je devine que cela dure depuis des mois, voire des années. Je pénètre dans  leur territoire. Un battement d’ailes surgit du fond du couloir, suivi d’un nuage de plumes grises. Le sol est recouvert de fientes séchées, épaisses, craquelées, comme un tapis abandonné. Les murs pleurent des traînées de salpêtre, les angles sont noircis par l’humidité. Ils sont imprégnés d’une odeur acide et âcre qui prend à la gorge. Mélange de moisissures, de déjections, de bois pourri. Les fenêtres, cassées, laissent entrer le vent et les oiseaux. Je passe de pièce en pièce, en silence. Sous les plumes, je vois un sol ancien.  Les plafonds, hauts, offrent des perspectives inattendues. L’orientation ouest promet une lumière naturelle à partir de la mi-journée jusqu’au coucher du soleil.  Ce logement délabré est une coquille vide qui ouvre sur une quantité de possible. Je fais un constat terrible de l’état actuel : la saleté, la distribution dépassée, les ouvertures défaillantes.

État avant rénovation : Un appartement sale, vétuste et délabré


Et parallèlement je visualise tout le potentiel de cet espace !

Sa luminosité est un atout majeur. Cette lumière marseillaise, franche, chaude, presque insolente, qui pénètre à travers les vitres brisées. Elle glisse sur les murs abîmés, révèle les volumes, dessine les ombres. Elle donne à l’espace une respiration, une noblesse cachée sous les couches de poussière et de déjection.

Il faut tout reprendre, tout repenser, déblayer, assainir. En gardant en tête que ces travaux devront être réalisés avec un budget contraint pour ne pas dire serré.

Le défi d’un appartement à rénover : tout reprendre sans tout casser

Lors d’une rénovation, je commence par l’étape que j’affectionne le plus : écouter le lieu, l’observer, le questionner. Et je ressens immédiatement que je ne vais pas me contenter de rénover ce lieu, mais que je vais le réinventer.

Très vite, malgré l’odeur, malgré les gravats, je laisse courir mon imagination. C’est toujours comme ça. Au début, il y a un choc. Puis, presque à la dérobée, l’imagination se met au travail. Elle prend le pas sur le réel, le transforme, l’allège. Elle ouvre des portes là où il n’y en a pas encore.

Je me demande comment créer un beau séjour avec un maximum d’espace ouvert. Comment conserver cette sensation d’amplitude, cette lumière et mettre en valeur les fameuses trois fenêtres typiques de l’architecture du Sud. Il s’agit là bien plus qu’un simple élément décoratif : elles font partie intégrante de l’identité des appartements anciens à Marseille, en particulier dans les immeubles haussmanniens. Grâce à ces trois fenêtres, la pièce principale et la chambre bénéficient d’une luminosité généreuse. Un atout rare, qui valorise autant l’esthétique que le bien-être au quotidien.

J’imagine donc un espace avec le moins de cloisons possible. Je désire une distribution fluide, simple, lisible. Mais je sais que l’on ne touche pas un vieil immeuble sans l’interroger. Je demande donc à un bureau d’étude structure d’intervenir pour connaître précisément les cloisons que je peux envisager de faire tomber et celles qui doivent rester en place. Car même une cloison dite non porteuse peut, avec les années, endosser un rôle qu’elle n’avait pas à l’origine. Lors d’une rénovation, il ne faut pas chercher seulement à casser, il est impératif de comprendre le lieu et son histoire.

Première étape avant rénovation : vider et désinfecter

La première mission avant de penser à établir des plans et à lancer le projet consiste à nettoyer et assainir. Il faudra plusieurs jours d’intervention pour évacuer les gravats, traiter les moisissures, et refaire les bases. Des jours passés à désinfecter et ventiler. Ce chantier commence comme un sauvetage. Je découvre peu à peu les volumes réels.   J’esquisse les premières idées.

Repenser un lieu et tirer profit de la lumière maseillaise

Je souhaite ramener de la chaleur dans ce lieu, mais pas une chaleur décorative ou superficielle. Une chaleur qui passe par les matériaux, par les proportions, par le rythme des espaces. Des volumes sobres, des lignes franches. Rien d’ostentatoire.

Je cherche à trouver un équilibre : structurer l’espace sans cloisonner. Pour cela, je dessine une cuisine semi-ouverte, délimitée par une verrière en métal noir, dans l’esprit atelier. Ce parti-pris permet d’ouvrir visuellement l’espace tout en maintenant une hiérarchie claire entre les fonctions.

La verrière remplit plusieurs rôles essentiels :
* Elle laisse passer la lumière naturelle du séjour vers la cuisine, créant un dialogue visuel constant entre les deux espaces.
* Elle structure le volume sans le cloisonner, conservant la fluidité des circulations.
* Elle apporte un vrai caractère architectural à la pièce de vie, à mi-chemin entre l’univers industriel et l’élégance sobre des intérieurs parisiens.

Un coin cuisine délimité qui laisse entrer la lumière.

La porte coulissante, assortie à la verrière, optimise l’espace sans empiéter sur la zone repas. Elle renforce le rythme vertical de la paroi et participe à cette sensation d’ordre, de lisibilité, sans rigidité.

Au sol, un carrelage imitation parquet clair à larges lames soutient cette recherche de chaleur et d’unité.

Penser l’espace comme une séquence

Au coeur de cette rénovation, il y a mon envie de créer une histoire dans l’appartement. Ainsi, dès l’entrée, je désire un rythme spatial fluide et structuré, où chaque zone trouve sa place sans empiéter sur l’autre. Pour cela, je définis une petite entrée discrète, comme un seuil d’intimité. Je la vois comme une respiration, une transition douce avant d’accéder au séjour. Elle installe une forme de retenue, une première pause qui permet à l’espace de se révéler progressivement.

Ensuite, je travaille un espace nuit clairement délimité, avec un dressing intégré. Je finalise l’endroit avec une couleur orange à la tête du lit, une couleur à la fois relaxante et proche du soleil couchant. Je désire cette chambre à coucher à la fois fonctionnel et très intime. 

Une chambre à coucher avec espace dressing.

Mais c’est dans la gestion du passage vers les pièces techniques – WC et salle d’eau – que se joue un détail fondamental du confort quotidien. Plutôt que de laisser ces portes visibles depuis la pièce à vivre, je mets en place un sas intermédiaire. Sa fonction est simple, mais essentielle : masquer les accès aux sanitaires tout en préservant la continuité du volume en éliminant toute la rigidité qui existait.

Ce sas, je le veux esthétique et enveloppant. J’imagine donc une arche qui adoucit la transition, casse les lignes droites et introduit une courbe organique qui capte le regard. La peinture vert profond qui le recouvre renforce cette sensation de niche, presque comme un écrin, et accompagne le regard vers une zone plus intime.

Une arche qui mène à la salle d’eau.

Ce sont ces petits gestes, ces détails architecturaux pensés avec soin, qui transforment un lieu en espace de vie agréable. Ils contribuent à la sensation d’un intérieur  harmonieux et réfléchi dans ses moindres usages.

Le séjour, cœur vivant du projet : entre choix architecturaux et décoration intérieure

Le séjour est la pièce de vie principale de l’appartement. C’est là que la lumière entre, que les volumes se posent avec calme et intention. Les fenêtres typiquement marseillaises, hautes et élancées, ouvrent généreusement la pièce sur l’extérieur. Elles donnent sur la rue, mais aussi, et surtout, sur le ciel, apportant cette sensation de verticalité et d’espace propre aux beaux appartements anciens.

Je décide de conserver l’esprit d’origine : je garde la teinte des volets bleu-gris , comme un hommage discret à la ville. À l’intérieur, je n’utilise pas la couleur comme une finition décorative, mais comme un outil pour raconter l’histoire de ce lieu. Les teintes choisies ne sont pas là pour attirer l’œil, mais pour accompagner les gestes quotidiens, pour les guider.

Une pièce à vivre lumineuse avec une belle hauteur sous plafond.

Du côté cuisine, un ton chaud et enveloppant vient soutenir l’activité, là où le mur vert sauge du salon apaise, invite à la détente. Entre les deux, le sol clair et les matières naturelles, rideaux de lin, bois, plantes, créent une continuité douce,  entre les fonctions.

Les poutres apparentes rappellent la structure ancienne et apportent une force tranquille au volume. Elles rythment l’espace sans l’écraser, dessinant au plafond un cadre chaleureux et rassurant.

Je compte aussi sur les luminaires et les choix de décoration pour finaliser la touche esthétique de cet appartement. Dans le séjour le choix du luminaire ajouré au plafond joue un rôle subtil mais décisif : sa lumière tamisée et ses reflets en écaille prolongent visuellement le motif de la verrière de la cuisine, tout en créant une ambiance feutrée au moment du dîner. 

Le luminaire suspendu du sas, finement ajouré, projette une lumière dorée en motif d’écailles, ajoutant une dimension décorative et poétique à ce simple passage.

Dans cet appartement, chaque détail compte. Les interrupteurs en porcelaine blanche, discrets, mais soigneusement choisis, la robinetterie noire mate, les suspensions artisanales, les coussins aux tons ocres et verts, tout participe à une forme d’élégance silencieuse.

Une fois rénové et décoré cet appartement dégage une atmosphère vivante et apaisée. Là où il n’y avait que poussière et abandon, la vie peut enfin venir s’insérer.

Ce que je retiens de la rénovation de cet appartement marseillais

Ce chantier m’a appris (ou rappelé) qu’aucun lieu n’est irrécupérable, à condition d’y croire, d’y consacrer du temps et une intention juste. Le projet est une réussite, mais il symbolise surtout un dialogue entre la contrainte et la création.

Quand je repense à l’état du lieu au départ, et à ce qu’il est devenu aujourd’hui,  accueillant et structuré, je ressens une grande satisfaction. La transformation de cet appartement démontre à quel point l’écoute du lieu, la compréhension fine des usages, et un regard architectural sensible peuvent métamorphoser même les espaces les plus improbables.

Vous avez un espace compliqué, sombre, endommagé, que vous aimeriez transformer à Marseille ou ailleurs ?
Je serais ravie de réfléchir avec vous. Chaque lieu a une promesse cachée. Mon rôle, c’est de la faire émerger.

Une rénovation d’intérieur réussie, c’est :

  • Valoriser les atouts d’un emplacement.
  • Optimiser des surfaces souvent petites ou atypiques.
  • Créer des espaces lumineux malgré des configurations complexes.
  • Repenser l’usage au quotidien sans dénaturer l’esprit du lieu.

Ce projet illustre parfaitement ma démarche : transformer les contraintes en atouts, et redonner à chaque lieu sa singularité.

Je vous accompagne dans toutes les étapes du projet : conception, plans, choix des matériaux, suivi de chantier, et coordination des artisans.

Contactez-moi pour discuter de votre projet de rénovation
Chaque lieu peut devenir unique, à condition de l’écouter.

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